Le temps du muguet danielle darrieux biography

Danielle Darrieux et le temps du muguet

"L'éclat de ton sourire, aujourd'hui plus beau que jamais", dit la chanson de Francis Lemarque "Le temps du muguet", si délicieusement interprétée par Danielle Darrieux. On pourrait croire qu'elle a été écrite pour elle, née un 1er mai. Danielle, c'est le sourire dans la voix, l'élégance française à plus d'un titre.

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Aujourd'hui, elle partage son temps entre une demeure louée avec son ami Jacques à Larmor Baden dans le golfe du Morbihan et une maison dans l'Eure, aux portes de la Normandie. Tous les deux, c'est un peu une variante de Harold et Maude, pièce dans laquelle Danielle fut éblouissante il y a quelques années. À l'horizon, ils contemplent l'île aux Moines. Danielle aime depuis longtemps ce coin de Bretagne qui lui fait du bien. Longtemps propriétaire de l'île Stibiden, achetée au début des années cinquante, c'est là que vivent aujourd'hui sa belle-fille Sylvie (fille de Jean Poiret et Françoise Dorin) et ses petits-enfants.

Danielle Darrieux est insulaire dans l'âme : "On a d'abord une île dans la tête", reconnaît celle qui a toujours séparé la femme publique de la femme privée. Solide comme un menhir, le chagrin ne l'a pourtant pas épargnée. La disparition de son mari et son fils Mathieu à peu de temps d'intervalle fut une épreuve dont elle ne parle pas. La douleur est silencieuse. Discrète et pudique, Danielle ne s'apitoie pas, pas plus qu'elle ne s'étend sur la place qu'elle occupe dans le septième art.

"Cocotte" pour Gabin

Sa carrière dure depuis plus de huit décennies. Elle est une exception avec Michèle Morgan et Micheline Presle, "Les trois glorieuses", comme les a baptisées le journaliste Henry-Jean Servat dans un livre et dans un film : "C'est étonnant qu'aucun réalisateur n'ait eu l'idée de les réunir, sauf furtivement à l'écran", s'étonne-t-il. "Danielle Darrieux a incarné comme Jean Gabin, autant que lui mais de façon légère, l'insouciance des années trente et la gravité des années cinquante", dit l'historien du cinéma Claude-Jean Philippe. "Nous avions le même caractère, il m'appelait cocotte", confiait-elle un jour à propos de Gabin, son partenaire dans La vérité sur Bébé Donge et dans Le désordre et la nuit. "Lorsque nous avons tourné son dernier film L'année sainte en aux studios de Boulogne, un jour à la cantine, il m'a regardée droit dans les yeux en me disant : Cocotte, tu reconnais quelqu'un ici ? Moi pas."

Lorsque Danielle arrive quelque part, toujours simple et belle, c'est le cinéma français qui apparaît. Pour celles et ceux qui savent, qui ont vu ses films, c'est bouleversant. Quelqu'un a dit un jour que ses fans formaient "une véritable secte". Dans les années quatre-vingt, deux de ses membres avaient ouvert un restaurant baptisé "Premier rendez-vous". Le film qui porte ce titre, l'un des premiers grands succès de l'actrice, représente l'insouciance de l'avant-guerre. Nous sommes pourtant en après la défaite. Que ce soit dans Mayerling, Le rouge et le noir ou Marie Octobre, c'est à l'écran qu'elle se découvre le mieux dans des facettes multiples allant du rire au drame. Ce sont de beaux films, qu'il faut revoir.

Tous les âges de la vie

Madame de aura tant marqué les esprits que, 60 ans plus tard, Françoise Hardy lui rendit hommage dans une chanson intitulée "Je ne vous aime pas", phrase leitmotiv du film, adressée à Vittorio de Sica plusieurs fois de suite, comme pour se convaincre. Pour Danielle Darrieux, "c'est peut-être l'un des seuls qui restera. C'est en tout cas celui que je regarde avec le plus de joie." Max Ophüls fut l'un des cinéastes qui comptèrent le plus pour elle, avec Henri Decoin.

Il y a pourtant d'autres films, et l'air Darrieux souffle sur l'exposition de la Cinémathèque française consacrée à Jacques Demy. Devant une photo des Demoiselles de Rochefort, deux adolescentes reconnaissent Danielle : "Mais si, tu sais, elle joue dans Huit femmes." L'actrice a inspiré les réalisateurs à tous les âges de la vie. Sa dernière apparition à l'écran remonte au 1er janvier , à la télévision, dans C'est toi, c'est tout de Jacques Santamaria. Les scénarios lui parviennent toujours là où elle se trouve, et il se pourrait bien qu'elle tourne encore. Le théâtre eut aussi une place importante dans sa vie, mais elle manqua son dernier rendez-vous avec lui dans La maison du lac aux côtés de Jean Piat à cause d'une mauvaise chute pendant les répétitions.

Lorsqu'on rencontre Danielle Darrieux, c'est "un peu de son printemps, un peu de ses vingt ans" qu'elle nous donne, comme dans la chanson des premiers jours de mai qu'elle fredonne toujours. Danielle Darrieux est une hirondelle qui fait le printemps.

À DécouvrirLe Kangourou du jour Répondre REGARDEZ un extrait de Madame de